Rivière le 19 février 2012
Lettre ouverte
Monsieur le Maire
Suite au dernier conseil municipal, je ne peux m'empêcher de vous faire part de mon point de vue et quelques remarques sur la gestion de la potabilité de l'eau par la municipalité.
Sur la forme :
Dans un courrier du 4 septembre 2011, je pointais la possible relation de cause à effet entre la non conformité de l'eau destinée l'alimentation humaine et certaines pratiques agricoles dans la zone de protection du captage des eaux et la simple information des habitants par un affichage.
Le Conseil Municipal du 7 Octobre 2011 s'est réuni avec pour ordre du jour : ''Décision à prendre concernant les mesures pour préserver la qualité de l'eau.'' A cette occasion vous avez demander le huis clos qui a été approuvé par le Conseil Municipal.
N'ayant pu assister aux débats, j'ai saisi le Tribunal Administratif de Chalon en Champagne pour faire annuler la délibération prise. Si le tribunal n'a pas encore statué, vous avez été interpellé par le Sous Préfet de Langres vous signifiant que le caractère public des séances du Conseil Municipal est la règle.
A la suite de quoi, le Conseil Municipal, le 6 Janvier 2012, en séance publique a :
- annulé la délibération 39/2011 pour la mise en place d'un appareil doseur de chlore sur le réseau d'eau de Rivière les Fosses
- pris une délibération pour la mise en place d'un appareil doseur de chlore sur le réseau d'eau de Rivière les Fosses.
A l'occasion de ce Conseil, j ai appris que :
- soucieux de la qualité de l'eau le Conseil Municipal allait prendre avis et conseils auprès de spécialistes (hydrogéologue du Conseil Général, technicien de l'Agence Régionale de Santé.)
- pour suivre ce dossier, le Conseil Municipal mettait en place une commission spécialisée de 4 membres.
Commission qui pourra se réunir à huis clos de plein droit. Je suis surpris de cet acharnement du Conseil à se donner les moyens de traiter ce sujet en ''petit comité''.
- S'il n'y a rien à cacher alors la transparence ne peut être que profitable.
- Si le sujet est complexe, de la pédagogie pourra permettre aux habitants de comprendre ce qui se joue.
Commission dont 3 des membres sont des agriculteurs. A aucun moment, il n'a été envisagé un risque de conflit d'intérêt.
C'est pourquoi je vous demande que la commission siège et auditionne ses experts en public.
Sur le fond :
Le Conseil Municipal a fait le choix d'une solution technique de mise en place d'un doseur de chlore.
Je me permets de faire les remarques qui suivent :
1) Cette solution technique est à risque.
Le chlore par réaction aux substances organiques naturelles présentent dans l'eau va produire des trihalométhanes (THM) en particulier et d'autres dérivés chimiques.
L'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments dans son avis du 15 avril 2010 suite à saisine 2004-SA-70 relève que des associations épidémiologiques sont observées entre l’excès de risque de cancer de la vessie chez l’homme et l’exposition à une eau contaminée en THM à 100 μg/L, même si la causalité entre l’exposition aux trihalométhanes par l'eau et la survenue de cancer chez l’homme n’est pas formellement établie
Le groupe scientifique sur l'eau de l'institut National de Santé Publique du Québec rappelle que si l’ingestion constitue une voie importante d’absorption des THM contenus dans l’eau du robinet, l’utilisation de l’eau à des fins domestiques, particulièrement lors de la prise de douches et de bains, contribue également à l’absorption des THM par inhalation et par contact cutané.
C'est pourquoi je pense que le chlore est une solution ponctuelle d'urgence à la non potabilité et non une solution durable et permanente
2) Cette solution technique est une solution du passé.
La tendance est de privilégier les traitements physiques sur les procédés chimiques. Le recours à la chloration diminue au profit de la mise en œuvre de phase de décantation filtration pour retenir les micros organismes et limiter la désinfection.
Nos eaux proviennent d'un plateau calcaire. Elles nécessitent une opération de clarification c'est à dire la mise en œuvre de 3 procédés coagulation-floculation, décantation, filtration.
Une solution d'affinage pourrait être étudiée : filtration sur charbon actif, ozonation, filtration sur membranes.
C'est pourquoi je demande de ne pas se précipiter vers la solution facile, sans avoir examiné des solutions alternatives, conscient que sur un sujet aussi technique l'aide d'un expert sera indispensable.
3) Cette solution traite les conséquences et non les causes du dysfonctionnement.
Elle s'attaque à la pollution de l'eau par des bactéries coliformes, d'entérocoques et escherichia coli et ne met en place aucune mesure de prévention et de protection des eaux.
La question de l'efficacité de l'arrêté du 20 décembre 1985 portant sur la déclaration d'utilité publique sur la zone de protection du captage des eaux de Rivière les Fosses, à nous assurer une eau conforme, doit être posée. Un quart de siècle après leurs élaborations il serait souhaitable de redéfinir les zones de protection et surtout la nature des activités interdites-règlementées-autorisées.
Le bon sens veut que la qualité de l'eau au robinet va dépendre de la qualité de l'eau recueillie à la captation comme cela a été le cas pendant de nombreuses années.
C'est pourquoi je demande la mise en place d'une protection accrue en amont de la captation de l'eau. Solution de bon sens - peu couteuse - rapide à mettre en œuvre.
Espérant être entendu, je vous prie de croire Monsieur le Maire, à ma considération distinguée.